"Ne connaissant de l'Empire du Milieu que les quelques informations glanées de-ci de-là dans divers livres d'histoire ou guides touristiques, je me retrouvai face à un pays de contrastes, héritier d'une histoire impériale millénaire, venant de tourner la page douloureuse d'un totalitarisme étouffant.
Je fus vite désorienté en constatant que tous les clichés que j'avais en tête n'étaient qu'une image réductrice. A côté des splendeurs de la Cité Interdite et de la misère des quartiers populaires, une capitale tentaculaire essayait frénétiquement de se mettre au diapason des standards de l'économie mondiale, en dépit de toute logique sociale ou environnementale.
J'étais loin d'être au bout de mes surprises car, loin de Pékin, de ses tours de verre, de sa circulation anarchique, nombre de villes de province, recouvertes d'une épaisse couche de poussière de charbon, semblaient encore vivre au rythme de l'époque communiste et de l'économie planifiée, comme figées dans l'ignorance des bouleversements sociaux et économiques qui agitent le reste du pays.
La traversée des campagnes me réserva des surprises encore plus grandes encore, me mettant aux prises avec un mode de vie des plus archaïques, au regard de nos standards de développement, les villages désertés par leurs habitants témoignant d'un exode rural dramatique.
Néanmoins, dans chaque ville, chaque village, au-delà des mutations en marche, marche parfois forcée et brutale, je rencontrai fréquemment des gens qui vivaient simplement, répétant des gestes ancestraux, célébrant les mêmes coutumes immémoriales."
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"Par delà les impressions recueillies lors de mes précédents périples chinois, je restais sur ma faim. Comment pouvait-il en être autrement face à ce pays, grand comme un continent, que plusieurs vies mises bout à bout ne permettraient de découvrir, a fortiori en cette période de bouleversements majeurs ?
Je me décidai donc à partir à la rencontre de cette portion chinoise de la Route de la Soie, cette mythique Route de la Soie, voie fantasmée d'échanges millénaire, aussi bien commerciaux que culturels.
De Pékin, que j'avais quitté cinq ans auparavant, en proie à une métamorphose anarchique, souvent au détriment de la pérennité de son identité, je me dirigeai vers cet Ouest lointain, effleurant les confins de l'ancien royaume tibétain, longeant le désert de Gobi.
En entrant dans cette Chine d'Asie Centrale, en proie, comme tant des marches de l'ancien Empire du Milieu, à une modernisation à marche forcée, suivant un modèle plus subi que choisi, je fus subjugué par la fierté de ces peuples musulmans, héritiers d'une culture où le nomadisme ancestral prévaut encore, mis à mal par une lutte contre le terrorisme bien trop souvent prétexte à une 'normalisation' aveugle."
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